"Un autre présent s'installe dans le futur"
Résumé
Le 25 avril 1973, Pierre Messmer, premier ministre du gouvernement de Georges Pompidou, inaugure le dernier tronçon, Porte Dauphine-Porte d’Asnières, du boulevard périphérique parisien dont la construction s’est enclenchée 17 ans auparavant. Le 8 mars 1974, c’est au tour du troisième aéroport de la région parisienne, Roissy-Charles de Gaulle avec sa première aérogare, d’être inauguré par le même Pierre Messmer. Avec d’autres, ces réalisations infrastructurelles d’envergure marquent la concrétisation du projet d’expansion de la région parisienne, inscrit dans le plan Delouvrier de 1965 dont deux numéros spéciaux de Paris Match (« Paris dans 20 ans ») rendent compte en juillet 1967 de manière quasi publicitaire. A peine inaugurés, ces ouvrages spectaculaires sont toutefois accueillis de manière ambivalente, dans un contexte marqué par la campagne pour l’élection présidentielle de 1974, la première crise pétrolière en 1973, et le rejet des grandes opérations urbaines, dont la circulaire Guichard marque la fin. Nous nous intéresserons ici aux racines du retournement des représentations à l’œuvre dans la fabrique de l’infrastructure, réalisation concrète des visions du Grand Paris, qui, décidée et accomplie, devient en peu de temps, un objet d’interrogation critique. Entre le temps des visions et de leur planification, et le temps des réalisations et de leur appropriation, comment évolue l’idée du Grand Paris et en quoi l’infrastructure constitue-t-elle un témoin de l’instabilité chronique de sa représentation ? Cette question sera aussi mise en perspective par rapport à l’actualité présente du Grand Paris, qui connaît, avec le futur Métro du Grand Paris Express, un retour de l’infrastructure comme projet métropolitain.