Ressources matérielles et immatérielles : les apports réciproques entre territoire(s) et lieux culturels
Résumé
Le territoire comme espace de ressources, de représentations, d’interactions et d’actions de personnes physiques et morales très diverses (Di Méo 1987) a un effet sur l’identité et le positionnement des lieux culturels.
Définis comme des espaces de création et de diffusion culturelle, de partage, d’éducation, ils utilisent les ressources du territoire (ressources infrastructurelles du fait des locaux qu’ils occupent, organisationnels du fait des réseaux sur lesquels ils reposent et modèlent, etc.). En sens inverse, les lieux culturels participent à l’identité territoriale, à des échelles différentes selon le type de lieu et le projet porté.
Malgré des travaux académiques toujours plus étoffés, qui donnent à voir leur empreinte civique et culturelle et les relations aux publics, aux habitants, aux espaces environnants, le financement des lieux culturels et leur pérennité est toujours mis en question au regard du service rendu et de la difficulté de faire valoir (et d’évaluer concrètement) leurs retombées. Si « la culture a acquis une certaine légitimité dans le champ de l’action publique » (Sibertin-Blanc 2008), en période de crise économique et de restrictions budgétaires pour les collectivités locales, de plus en plus de lieux culturels sont obligés de justifier leur utilité sociale et territoriale. Ce bilan souvent comptable, bien que nécessaire pour mesurer « l’efficacité » des subventions, ne considère pas ou peu les valeurs immatérielles créées et disséminées (accès à la culture, lien social, image de marque territoriale…) dans leurs “écosystèmes” (leur territoire d’influence, les réseaux de partenaires, les usagers, les habitants).
Aussi l’un des objectifs de cette communication est de comprendre comment un lieu culturel peut mobiliser les ressources matérielles et immatérielles de son territoire à travers ses réseaux de parties prenantes et les projets qu’il porte d’une part (Colletis et Pecqueur 2005; Lajarge et Roux 2007) et comment il contribue au développement de son territoire d’implantation d’autre part. Pour ce faire, la méthode d’analyse spatio-temporelle des projets territoriaux élaborée sur d’autres projets (Allais et Gobert 2019) est mobilisée.
Nous nous appuierons sur l’analyse un cas d’étude. Crée en novembre 1987, la Locomotive est une association loi 1901 agréée Education Populaire et Entreprise Solidaire, dédiée à la pratique des musiques actuelles dans le bassin de vie Sud Landes / côte Basque Adour. Hébergé dans un patrimoine historique classé, les remparts de la ville de Bayonne, le Magneto est le lieu de création et de diffusion géré par la Locomotive. Saisissant l’opportunité de la rénovation du site, cette structure souhaite questionner ses missions, son rôle et sa place dans la cité et la filière régionale, ses pratiques et son organisation interne.
Dans le cadre du projet PIANO, lauréat d’un appel à manifestation d’intérêt « Innovation sociale » de la région Nouvelle-Aquitaine, nous travaillons en partenariat avec la Locomotive. Est ainsi menée une série entretiens semi-directifs avec les parties prenantes, à la fois les acteurs et gérants du lieu, les représentants des associations qui y sont sises, les collectivités locales, d’autres lieux de diffusion et d’exercice de pratiques artistiques sur le territoire. Des ateliers collectifs sont également prévus.