Gares de banlieue ou gares du quotidien : généalogie et hybridité d'une notion - École des Ponts ParisTech Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2016

Gares de banlieue ou gares du quotidien : généalogie et hybridité d'une notion

Elise Avide

Résumé

Le quotidien est devenu une notion centrale dans l’activité ferroviaire. A la suite des annonces du premier ministre Jean-Marc Ayrault sur le Nouveau Grand Paris, un « plan de mobilisation pour les transports du quotidien en Ile-de-France » a été décrété en juillet 2013. Dans la foulée, la SNCF affichait son nouveau projet stratégique baptisé « Excellence 2020 » dans lequel elle fixait « la priorité absolue aux transports du quotidien » . Cette mise à l’agenda du quotidien dans les transports tient à la concordance de plusieurs phénomènes. D’une part, le constat d’un réseau francilien vétuste, saturé, dysfonctionnant, a été d’autant plus saillant que les débats sur le futur métro automatique ont contribué à faire ressortir, en creux, le manque d’investissements sur l’existant, et ce malgré des flux en constante augmentation. D’autre part, c’est dans ce secteur de l’activité ferroviaire que le groupe SNCF remporte des parts de marché et perçoit des opportunités de développement à l’international. Aussi le groupe cherche-t-il à faire de l’Île-de-France une vitrine de son savoir-faire en la matière. Dans cette dynamique, les gares, remises à l’ordre du jour par le rapport Keller et Gares & Connexions, occupent une place tout à fait centrale. « Inventer les gares du quotidien » est ainsi le défi que s’est fixé la jeune Direction des Gares Île-de-France, au travers d’un programme d’investissements sans précédent visant notamment à désaturer, à mettre aux normes et à valoriser ces espaces. Si les « gares du quotidien » désignent des objets concrets, situés, et pour la plupart assez anciens, elles constituent également une catégorie d’énonciation nouvelle, qui pour sa part ne va pas de soi. Cette expression rapproche sur le plan sémantique « la gare », matérialité concrète et finie, porteuse d’une certaine idée de monumentalité, au « quotidien », notion plus floue qui renvoie à une forme de banalité, de routine, d’invisible. Le glissement sémantique des « gares de banlieue » aux « gares du quotidien » témoigne d’une volonté de positiver ces dernières. Ce faisant, il donne à voir une nouvelle manière de penser, ou en tout cas de raconter ces objets et les enjeux qu’ils soulèvent. C’est l’émergence de cette nouvelle catégorie de l’aménagement et les représentations qui lui sont associées que la communication se propose ici d’explorer. Pour se faire, l’analyse propose une mise en perspective historique des manières de considérer ces gares, afin de faire ressortir les glissements dans les schémas de perception qui leur sont associés. Elle explore ensuite la réforme qui pourrait être en train de s’opérer autour des « gares du quotidien », par la redéfinition des enjeux et des priorités de l’action, et par l’infléchissement dans la production des pratiques. On s’appuie en cela sur un corpus rassemblant différentes formes de discours d’acteurs (presse professionnelle depuis les années 1960, entretiens semi-directifs auprès d’acteurs de l’aménagement et des transports, espaces de rencontre professionnels) ainsi que sur quelques exemples de projets de gares franciliennes (gares d’Eole à l’ouest notamment). Si l’émergence des « gares du quotidien » sur le plan des discours reflète un changement de référentiel dans la fabrique de ces lieux, leur conception semble peiner à se départir de logiques anciennes qui focalisent sur un certain type d’usages et d’usagers. Le « quotidien » qui s’invente en gare s’apparenterait ainsi davantage à un processus de sédimentation, de réécriture en surimpression, à la manière d’un palimpseste. Cette recherche s’inscrit dans le cadre d’une thèse de doctorat en Aménagement et Urbanisme, effectuée au sein du Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (LATTS). Elle fait par ailleurs l’objet d’un contrat de collaboration de recherche entre l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées et la Direction des Gares Ile-de-France de la SNCF.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01302231 , version 1 (13-04-2016)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01302231 , version 1

Citer

Elise Avide. Gares de banlieue ou gares du quotidien : généalogie et hybridité d'une notion. Les gares, nouveaux villages urbains ? , PUCA; Ecole des Ponts ParisTech; Chaire Gare; Gares & Connexions, Apr 2016, Paris, France. ⟨hal-01302231⟩
110 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More